"Les dernières analyses révèlent que la
concentration de phénol dans les eaux de la Sitnica est 300 fois supérieure à la
normale, et 50 fois supérieure dans celles de l'Ibar", a déclaré lundi le ministre
de la Protection de l'environnement de Serbie, Andjelka Mihaijlov.
Le
gouvernement de Serbie a vivement protesté auprès de la Mission des Nations Unies au
Kosovo (MINUK), la sommant de mettre un terme à la catastrophe écologique.
"Le rejet
non-contrôlé des eaux polluées depuis le Kosovo peut conduire à une catastrophe
écologique de grande envergure", estime la ministre Mihajlov, en précisant que les
responsables de la MINUK ne permettent pas aux experts de Serbie de venir enquêter. Le
gouvernement de Serbie doit incessamment demander par lettre à la MINUK et à la
communauté internationale que "des équipes d'experts puissent visiter Obilic,
constater et stopper les dégâts".
Le chef du
Centre de coordination pour le Kosovo, Nebojsa Covic, a déclaré lundi que des
rendez-vous étaient prévus entre les équipes techniques de la MINUK et les experts du
gouvernement de Serbie. Des représentants de la MINUK ont déclaré à l'agence Beta
qu'une enquête détaillée était en cours au Kosovo sur les causes de la pollution de
l'Ibar.
Un officiel de
la MINUK a précisé que "dans les premières enquêtes, rien n'indiquait la cause de
l'augmentation de la concentration de phénol et de plomb dans les eaux de l'Ibar".
L'Agence pour
la protection de la santé de Zvecan a appelé les citoyens qui boivent l'eau des puits
situés dans la zone comprise entre l'Ibar et la Sitnica à faire analyser l'eau, qui
pourrait être polluée. Les habitants de Mitrovica, Leposavic et Lesak, selon les
experts, boivent une eau pure, car le système d'approvisionnement des ces villes n'est
pas relié à ces deux rivières.
Le
gouvernement de Serbie a adressé lundi une ferme protestation auprès du chef de la
MINUK, Michael Steiner, en raison des rejets de phénol dans les eaux de l'Ibar et de la
Sitnica, qui crée de sérieux dommage écologiques en Serbie centrale.
En raison de
ces eaux rejets, l'eau consommée par plus de 100 000 habitants de Kraljevo a été
polluée, et les habitants d'autres villes de Serbie sont menacés. Le gouvernement a
demandé à Michael Steiner d'expliquer comment s'est produit l'incident, et pourquoi les
organes compétents sur ces matières n'ont pas été immédiatement avertis en Serbie. Le
gouvernement demande aussi que Michael Steiner prenne des mesures pour stopper les rejets
de phénol, et qu'il permette aux équipes d'experts serbes de visiter la centrale
thermoélectrique d'Obilic.
"Le
gouvernement de Serbie informera l'opinion internationale de la situation écologique, et
de la possible catastrophe de large ampleur qui nous menace, si les rejets de phénol ne
sont pas stoppés", a-t-il été précisé. Le gouvernement va mettre en place des
moyens pour assurer un approvisionnement en eau alternatif aux habitants de Kraljevo, mais
cela demandera une trentaine de jours.
Selon le
gouvernement, le problème réside probablement dans la nature de la technologie utilisée
à Obilic, qui n'a pas été contrôlée depuis trois ans. On parle de 750 tonnes de
phénol à 40% de concentration, et de deux réservoirs de 10 000 mètres cubes d'eau
contenant du phénol.
La catastrophe
écologique a été à l'ordre du jour de la rencontre de lundi entre les représentants
du gouvernement de Serbie, Nebojsa Covic, la ministre de l'Énergie Kori Udovicki et la
ministre de l'Environnement Andjelka Mihajlov avec le chef du bureau de la MINUK à
Belgrade, Paul Meklembourg.
"Toutes
les données sur la pollution nous ont été verbalement confirmées par Paul Meklembourg,
qui s'excuse du risque de catastrophe écologique, mais qui estime que les critères
yougoslaves sont plus stricts que ceux de l'Union européenne, et que les taux de
concentration toléré dans l'eau ne concordent pas", a déclaré Andjelka Mihajlov,
en ajoutant que le gouvernement allait demander l'aide du Programme des Nations Unies pour
l'environnement.
La ministre a
précisé que le gouvernement appelait toujours les citoyens de Kraljevo à ne pas boire
l'eau du robinet, mais qu'il allait contrôler la vente de l'eau en bouteille, "pour
que personne ne cherche à profiter de la situation en augmentant le prix des
bouteilles".
Par
:
Traduit par Jean-Arnault
DÉRENS
Publié dans la presse
: 21 janvier 2003
Mise en ligne sur notre site : 22 janvier 2003
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