Janvier 2003

Pollution en Serbie : le phénol atteint la Sitnica et l'Ibar

Les rivières de Serbie centrale sont atteintes par une grave pollution au phénol et au plomb. Cause probable : des rejets non contrôlés venant de la centrale thermoélectrique d'Obilic, au Kosovo.

    

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"Les dernières analyses révèlent que la concentration de phénol dans les eaux de la Sitnica est 300 fois supérieure à la normale, et 50 fois supérieure dans celles de l'Ibar", a déclaré lundi le ministre de la Protection de l'environnement de Serbie, Andjelka Mihaijlov.

Le gouvernement de Serbie a vivement protesté auprès de la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK), la sommant de mettre un terme à la catastrophe écologique.

"Le rejet non-contrôlé des eaux polluées depuis le Kosovo peut conduire à une catastrophe écologique de grande envergure", estime la ministre Mihajlov, en précisant que les responsables de la MINUK ne permettent pas aux experts de Serbie de venir enquêter. Le gouvernement de Serbie doit incessamment demander par lettre à la MINUK et à la communauté internationale que "des équipes d'experts puissent visiter Obilic, constater et stopper les dégâts".

Le chef du Centre de coordination pour le Kosovo, Nebojsa Covic, a déclaré lundi que des rendez-vous étaient prévus entre les équipes techniques de la MINUK et les experts du gouvernement de Serbie. Des représentants de la MINUK ont déclaré à l'agence Beta qu'une enquête détaillée était en cours au Kosovo sur les causes de la pollution de l'Ibar.

Un officiel de la MINUK a précisé que "dans les premières enquêtes, rien n'indiquait la cause de l'augmentation de la concentration de phénol et de plomb dans les eaux de l'Ibar".

L'Agence pour la protection de la santé de Zvecan a appelé les citoyens qui boivent l'eau des puits situés dans la zone comprise entre l'Ibar et la Sitnica à faire analyser l'eau, qui pourrait être polluée. Les habitants de Mitrovica, Leposavic et Lesak, selon les experts, boivent une eau pure, car le système d'approvisionnement des ces villes n'est pas relié à ces deux rivières.

Le gouvernement de Serbie a adressé lundi une ferme protestation auprès du chef de la MINUK, Michael Steiner, en raison des rejets de phénol dans les eaux de l'Ibar et de la Sitnica, qui crée de sérieux dommage écologiques en Serbie centrale.

En raison de ces eaux rejets, l'eau consommée par plus de 100 000 habitants de Kraljevo a été polluée, et les habitants d'autres villes de Serbie sont menacés. Le gouvernement a demandé à Michael Steiner d'expliquer comment s'est produit l'incident, et pourquoi les organes compétents sur ces matières n'ont pas été immédiatement avertis en Serbie. Le gouvernement demande aussi que Michael Steiner prenne des mesures pour stopper les rejets de phénol, et qu'il permette aux équipes d'experts serbes de visiter la centrale thermoélectrique d'Obilic.

"Le gouvernement de Serbie informera l'opinion internationale de la situation écologique, et de la possible catastrophe de large ampleur qui nous menace, si les rejets de phénol ne sont pas stoppés", a-t-il été précisé. Le gouvernement va mettre en place des moyens pour assurer un approvisionnement en eau alternatif aux habitants de Kraljevo, mais cela demandera une trentaine de jours.

Selon le gouvernement, le problème réside probablement dans la nature de la technologie utilisée à Obilic, qui n'a pas été contrôlée depuis trois ans. On parle de 750 tonnes de phénol à 40% de concentration, et de deux réservoirs de 10 000 mètres cubes d'eau contenant du phénol.

La catastrophe écologique a été à l'ordre du jour de la rencontre de lundi entre les représentants du gouvernement de Serbie, Nebojsa Covic, la ministre de l'Énergie Kori Udovicki et la ministre de l'Environnement Andjelka Mihajlov avec le chef du bureau de la MINUK à Belgrade, Paul Meklembourg.

"Toutes les données sur la pollution nous ont été verbalement confirmées par Paul Meklembourg, qui s'excuse du risque de catastrophe écologique, mais qui estime que les critères yougoslaves sont plus stricts que ceux de l'Union européenne, et que les taux de concentration toléré dans l'eau ne concordent pas", a déclaré Andjelka Mihajlov, en ajoutant que le gouvernement allait demander l'aide du Programme des Nations Unies pour l'environnement.

La ministre a précisé que le gouvernement appelait toujours les citoyens de Kraljevo à ne pas boire l'eau du robinet, mais qu'il allait contrôler la vente de l'eau en bouteille, "pour que personne ne cherche à profiter de la situation en augmentant le prix des bouteilles".  


 

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Traduit par Jean-Arnault DÉRENS

Publié dans la presse : 21 janvier 2003
Mise en ligne sur notre site : 22 janvier 2003