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(...) Contrairement aux Albanais, les Roms du Kosovo
effectuaient en effet leur service militaire, et les Albanais les accusent d'avoir à
maintes reprises joué le rôle d'auxiliaires des forces serbes. Durant l'été 1998, il
était, par exemple, possible de voir des Roms participer au pillage des villages albanais
de l'ouest du Kosovo. Selon un scénario bien établi, décidé après plusieurs jours
d'observation, les policiers serbes mettaient à sac, les premiers, les villages qu'ils
venaient d'investir, déménageant les télévisions et les objets de valeur. Ensuite
venait le tour des civils serbes. Les Roms étaient les derniers à se servir. De nombreux
témoignages confirment que des Roms ont été souvent utilisés par la police serbe pour
accomplir les « sales besognes », comme celle d'enterrer
les cadavres après des tueries collectives.
(...)
La
manipulation politique des Roms du Kosovo a atteint son sommet lors des négociations de
Rambouillet sur l'avenir de la province, en février 1999. Le régime serbe, cherchant à
dénoncer les volontés « hégémoniques » de la
communauté albanaise, avait mis en avant les petites communautés nationales de la
province, slaves musulmans, Goranci ou Roms. La délégation « serbe » aux
pourparlers donnait la part belle à ces groupes.
(...)
L'expulsion
des Roms « collaborateurs » a pris une allure systématique dans le Kosovo
« libéré ». A Vucitrn, une petite ville à mi-chemin entre Pristina et
Kosovska Mitrovica, les maisons roms du centre-ville, lui-même largement détruit à
l'explosif et au bulldozer par les forces serbes, ont été systématiquement incendiées.
« Ils étaient les auxiliaires des Serbes, ils ont pillé nos
maisons, nous ne faisons que reprendre nos biens », se justifie un Albanais,
tandis que des adolescents sortent d'une maison déjà en feu, les doigts levés en
« V » de la victoire et les épaules chargées des tapis qu'ils viennent de
dérober. Dans la maison voisine, des hommes défont à la hache les huisseries et les
boiseries, afin de ne rien livrer aux flammes qui puisse être récupéré. Des soldats
français de la KFOR assistent placidement à la scène, et défendent leur inaction en
expliquant que « l'on ne peut pas mettre un soldat en garde devant
chaque maison ».
Dans la ville
de Kosovska Mitrovica, partagée en « secteur serbe » et « secteur
albanais », une dizaine de maisons serbes et roms brûlaient chaque jour de cet
été. Les réfugiés arrivés en Serbie ou au Monténégro font état de violences et de
meurtres, même s'il semble que les cas d'exécutions extrajudiciaires soient restés
limités.
En fuyant, les
Roms sont confrontés de surcroît à l'arbitraire des autorités serbes. Cité par
l'IWPR, un Rom de Pec affirme que la police serbe a établi un poste de contrôle à
Rudare, dans le sud de la Serbie. Pour passer, les Roms doivent s'acquitter d'une
« taxe » de 700 F à 1 000 F par personne. S'ils n'ont pas d'argent, ils
doivent remettre leurs bijoux en or. Le président du groupe des Roms de Belgrade,
M. Dragan Stankovic, accuse la Croix-Rouge serbe de ne délivrer aucune aide à la
population rom. Chaque jour, plusieurs centaines de personnes font la queue dès l'aube
devant le bureau de M. Stankovic, dans l'espoir de recevoir des paquets de nourriture
fournis par des organisations non gouvernementales. (...)
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