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Novembre 1999

Les Tziganes, indésirables au Kosovo

Extraits de l'article de Jean-Arnault DERENS : retrouvez-le dans son intégralité sur [ www.monde-diplomatique.fr ]  

    

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(...) Contrairement aux Albanais, les Roms du Kosovo effectuaient en effet leur service militaire, et les Albanais les accusent d'avoir à maintes reprises joué le rôle d'auxiliaires des forces serbes. Durant l'été 1998, il était, par exemple, possible de voir des Roms participer au pillage des villages albanais de l'ouest du Kosovo. Selon un scénario bien établi, décidé après plusieurs jours d'observation, les policiers serbes mettaient à sac, les premiers, les villages qu'ils venaient d'investir, déménageant les télévisions et les objets de valeur. Ensuite venait le tour des civils serbes. Les Roms étaient les derniers à se servir. De nombreux témoignages confirment que des Roms ont été souvent utilisés par la police serbe pour accomplir les « sales besognes », comme celle d'enterrer les cadavres après des tueries collectives.

(...)

La manipulation politique des Roms du Kosovo a atteint son sommet lors des négociations de Rambouillet sur l'avenir de la province, en février 1999. Le régime serbe, cherchant à dénoncer les volontés « hégémoniques » de la communauté albanaise, avait mis en avant les petites communautés nationales de la province, slaves musulmans, Goranci ou Roms. La délégation « serbe » aux pourparlers donnait la part belle à ces groupes.

(...)

L'expulsion des Roms « collaborateurs » a pris une allure systématique dans le Kosovo « libéré ». A Vucitrn, une petite ville à mi-chemin entre Pristina et Kosovska Mitrovica, les maisons roms du centre-ville, lui-même largement détruit à l'explosif et au bulldozer par les forces serbes, ont été systématiquement incendiées. « Ils étaient les auxiliaires des Serbes, ils ont pillé nos maisons, nous ne faisons que reprendre nos biens », se justifie un Albanais, tandis que des adolescents sortent d'une maison déjà en feu, les doigts levés en « V » de la victoire et les épaules chargées des tapis qu'ils viennent de dérober. Dans la maison voisine, des hommes défont à la hache les huisseries et les boiseries, afin de ne rien livrer aux flammes qui puisse être récupéré. Des soldats français de la KFOR assistent placidement à la scène, et défendent leur inaction en expliquant que « l'on ne peut pas mettre un soldat en garde devant chaque maison ».

Dans la ville de Kosovska Mitrovica, partagée en « secteur serbe » et « secteur albanais », une dizaine de maisons serbes et roms brûlaient chaque jour de cet été. Les réfugiés arrivés en Serbie ou au Monténégro font état de violences et de meurtres, même s'il semble que les cas d'exécutions extrajudiciaires soient restés limités.

En fuyant, les Roms sont confrontés de surcroît à l'arbitraire des autorités serbes. Cité par l'IWPR, un Rom de Pec affirme que la police serbe a établi un poste de contrôle à Rudare, dans le sud de la Serbie. Pour passer, les Roms doivent s'acquitter d'une « taxe » de 700 F à 1 000 F par personne. S'ils n'ont pas d'argent, ils doivent remettre leurs bijoux en or. Le président du groupe des Roms de Belgrade, M. Dragan Stankovic, accuse la Croix-Rouge serbe de ne délivrer aucune aide à la population rom. Chaque jour, plusieurs centaines de personnes font la queue dès l'aube devant le bureau de M. Stankovic, dans l'espoir de recevoir des paquets de nourriture fournis par des organisations non gouvernementales. (...)

  

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