Province autonome de la Serbie
actuellement administrée par les Nations unies
depuis juin 1999. Après la guerre de
1998-1999, qui provoque l'intervention des forces de l'OTAN, le Kosovo
demeure déchiré entre la volonté serbe de conserver une région stratégique, berceau
historique de la Serbie, et les prétentions de la majorité albanaise à l'indépendance.
Géographie
Situé dans une région de moyennes
montagnes, enclavée et pauvre, de l'ouest des Balkans, le
Kosovo est bordé au nord par le Monténégro, à
l'ouest par l'Albanie
et au sud par la Macédoine.
La région, dont le chef-lieu est Pristina, s'étend sur 10 887 km2.
La population du Kosovo est estimée
à 2 200 000 habitants dont plus de 90 % d'Albanais et 8 % de Serbes,
auxquels s'ajoutent d'autres minorités comme les Rom (Tsiganes) et les
Turcs. 90 % des Albanais sont musulmans, 10 % sont catholiques,
tandis que les Serbes sont orthodoxes.
Histoire
Les sources romaines,
l'archéologie et la linguistique font des Albanais les descendants des Illyriens,
présents dans les Balkans dès l'âge du fer et
repoussés vers l'ouest par l'arrivée des Serbes au VIIe siècle.
Le
peuplement du Kosovo et la riche période médiévale
Ces derniers, convertis à
l'orthodoxie, furent les alliés des empereurs byzantins.
Toutefois, l'affaiblissement progressif de Constantinople
conduit les seigneurs serbes à mener une politique d'indépendance nationale. La dynastie
némanjide obtient du pape le titre royal et assied la cour du royaume serbe au Kosovo.
Sous le règne d'Étienne Douchan (1331-1355), le Kosovo, devenu carrefour entre les
Balkans et l'Occident, connaît son apogée économique et artistique, encore visible par
le nombre très important et la valeur artistique des monastères.
Au long de cette période, les traces
d'alliances entre seigneurs serbes et albanais sont fréquentes, les Albanais sont
catholiques ou orthodoxes et partiellement serbisés. Ils conservent cependant leurs lois
coutumières, socle de leur identité clanique.
L'intégration
dans l'espace ottoman
Construction fragile, l'empire de
Douchan est progressivement grignoté par la vassalisation de ses marges par les Ottomans. En
1389, à Kosovo Polje ( le champ des merles ) qui donna son nom à
la région, la défaite du prince serbe Lazare Hrebeljanovic soutenu par une coalition
bosno-albanaise ouvre la porte des Balkans aux Turcs. Le Kosovo s'inscrit dès lors dans
l'Empire ottoman.
L'islamisation progressive touche la
plupart des Albanais à partir du XVIIe siècle mais dans une moindre mesure
les Serbes orthodoxes, plus fortement liés à leur Église, inscrite dans le millet,
statut de protection des communautés religieuses minoritaires dans l'Empire ottoman
islamique.
La
désintégration de l'empire et l'expérience yougoslave
Au XIXe siècle, le
déclin ottoman accélère les sentiments nationaux serbes et albanais particulièrement
présents au Kosovo. Le nationalisme albanais s'était ainsi affirmé autour de la
ligue de Prizren et visait à réunir tous les albanophones dans
un seul État. Mais en 1912, lorsque l'Albanie s'émancipe de Constantinople, le Kosovo
revient au jeune État serbe.
Né du premier conflit mondial, le
royaume yougoslave, dominé par les Serbes et confrontéà la majorité albanaise au
Kosovo, installe des colons serbes et refuse tout développement culturel autonome des
Albanais, ce qui explique la collaboration de certains d'entre eux avec l'Axe lors de
l'occupation de la Yougoslavie
durant la Seconde
Guerre mondiale.
Après avoir regardé les Albanais
kosovars comme des collaborateurs, la Yougoslavie adoucit les pratiques anti-albanaises au
nom de la fraternité socialiste. Ainsi, la Constitution de
1974 pensée par Tito
pour affaiblir le poids des Serbes dans l'État fédéral, accorde au Kosovo le statut de
province autonome à l'intérieur de la République de Serbie. Cependant, le Kosovo reste
une aire sous-développée, marquée par une forte croissance naturelle de la population
albanophone qui amoindrit le poids démographique des Serbes kosovars, nourrissant ainsi
leur sentiment de marginalisation.
L'affrontement et
l'internationalisation du problème kosovar
Dans les années 1970,
l'accélération des revendications albanaises est la conséquence de l'émergence d'une
nouvelle élite albanophone, moderne et universitaire, centrée sur la jeune université
de Pristina, laquelle supplante l'élite traditionnelle, clanique et rurale, issue de
l'administration ottomane.
En 1989, le président serbe Slobodan Milosevic
suspend le statut d'autonomie et déclenche une répression anti-albanaise sévère face
à laquelle les Albanais répondent par un mouvement non-violent structuré autour de la
Ligue démocratique du Kosovo (LDK), menée par l'intellectuel Ibrahim Rugova. Déçue par
la stratégie de résistance passive, une nouvelle génération prend alors la voie de la
radicalisation et, en 1996, l'Armée de libération du Kosovo (UCK) est constituée.
En 1998, la guerre civile éclate.
L'escalade de la violence, puis l'expulsion d'une partie des Albanais hors du Kosovo
provoquent l'intervention des puissances occidentales de l'OTAN et la mise
sous tutelle de la région par l'ONU après une guerre aérienne contre la Serbie. Le 2 juillet 1999, le
Français Bernard Kouchner est nommé administrateur civil de la province
(haut-représentant des Nations unies pour le Kosovo).
À Mitrovica, ville du nord de la
province partagée entre Serbes et Albanais, les tensions toujours vives en 2000 montrent
que la présence internationale n'empêche pas la confrontation entre les deux
communautés. D'une part, les Serbes cherchent à vider de leurs habitants albanais les
quelques portions du territoires à majorité serbe, espérant un rattachement de ces
zones à la Serbie. D'autre part, les Albanais acceptent mal la présence serbe, même
très minoritaire, et craignent une amputation du Kosovo.
Cette hostilité manifeste entre
Albanais et Serbes, la volonté d'indépendance albanaise, ainsi que l'engagement de l'ONU
à ne pas modifier les frontières de la Serbie, font redouter une nouvelle crise dans les
Balkans
autour de la question de l'unité nationale albanaise. |